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Carnets forestiers et collectif d'entrepreneurs pour valoriser la fort bouriane (46)

Couvert à 50% de forêts, le Pays bourian (Lot, 35 communes, 16.000 habitants) a signé une charte forestière dès 2003. Fortement morcelée, la forêt bouriane est détenue par 9.000 propriétaires, dont la moitié possède moins d’un hectare. Ces particuliers ne savent pas trop comment entretenir ces parcelles et cette ressource locale, peu exploitée, échappe aux artisans et entreprises du bois du pays qui doivent s’approvisionner dans un rayon de 125 kilomètres.
Lorsque la Scic Initiatives environnement propose au Pays bourian de répondre à un appel à projets de l’Etat en faveur de la biodiversité dans la gestion sylvicole, le pays a tout de suite dit oui à cette initiative. Outre sa connaissance des problématiques de la forêt, le pays a favorisé les liens entre les personnes, dont les intérêts pouvaient au départ fortement diverger.

Un appel à projets suscite la mobilisation

Le projet vise à inciter les propriétaires à mieux gérer leur parcelle afin de produire du bois d’œuvre. "Une parcelle rasée pour approvisionner des grosses chaufferies bois, des usines à palettes ou à papier, ne rapporte qu’à court terme. Alors que des interventions ponctuelles et planifiées sur un long temps, peuvent doubler voire quadrupler sa valeur à terme", explique le directeur de la Scic, Pascal Pavan.
"Dès la préparation de cet appel à projets, nous avons associé des représentants des particuliers, des professionnels du bois, de l’agriculture, du bâtiment (Capeb...), d’associations environnementales et du pays au sein d’un comité de pilotage et d’un comité technique plus restreint", poursuit-il.

Un carnet forestier, mémoire de chaque parcelle

En 18 mois, les partenaires élaborent un carnet forestier destiné aux propriétaires, chacun avec ses compétences (voir fin du texte). Ce document descriptif fait office de mémoire de la gestion de chaque parcelle (localisation, état du peuplement végétal et animal) et également de mode d’emploi (propositions et conseils de gestion jusqu’à plus de 50 ans..). "Le principe est qu’il soit transmis et complété au fil des générations", poursuit le directeur.
Le propriétaire participe au financement de son carnet à hauteur de 350 euros. La mise en œuvre de l’action est financée par des contributions liées à l’appel à projets Biodiversité (soit 80%) et le reste par la Scic (20%). Dans un premier temps, cinq propriétaires ont testé l’outil et le déploiement se fait progressivement, accompagné par à une campagne de communication et le bouche à oreille. "Aujourd’hui, lorsqu’on présente le carnet forestier à des propriétaires, il est toujours accueilli avec intérêt", se félicite le directeur de la Scic.

Collectif d’entrepreneurs et étude de marché lancée avec la Capeb

Le carnet forestier ne peut néanmoins pas suffire en lui-même. "Pour une meilleure utilisation du bois de ces parcelles, nous devons nous appuyer sur les professionnels", explique le chargé de mission économie, agriculture et forêt du pays, Vincent Liger. La Scic a créé un collectif d’entrepreneurs chargés de la première transformation du bois, qui intervient à la demande : ingénieur forestier, bûcheron, débardeur, élagueur, scieur sur scie mobile...
Dans le même temps, via la Capeb, les besoins des artisans sont identifiés. "Ces professionnels ont dû progressivement changer leurs pratiques pour répondre à des contraintes réglementaires et économiques. Ils travaillent davantage avec des bois certifiés et normés qu’avec le bois local. Il faut donc trouver des niches, liées par exemple à la réhabilitation de l’habitat ancien. En utilisant le bois local, l’artisan peut choisir ses pièces sur pied et éviter ainsi le gaspillage. Avec la Capeb, nous avons lancé une étude de marché pour estimer la quantité dont nous aurions besoin chaque année pour disposer d’un stock suffisant pour les artisans et bâtir une plateforme de séchage", ajoute le directeur de la Scic.

Les collectivités peuvent donner l’exemple

Un long travail reste à faire pour poursuivre la sensibilisation des artisans. Selon le chargé de mission, les collectivités locales peuvent dès à présent "montrer l’exemple en favorisant l'utilisation du bois local dans le respect du code des marchés publics, particulièrement le châtaignier qui se prête bien pour l'aménagement urbain (mobilier, piquets...) ou barder des bâtiments". La Scic travaille en outre, sur la création d’une avance remboursable pour que les propriétaires soient en capacité de payer les intervenants avant de récupérer le fruit de la vente du bois.

Partenaires de la forêt bouriane
Pour la réalisation des carnets forestiers, la Scic met à disposition le fond cartographique, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) apporte les éléments d’un diagnostic environnemental et le pays fournit les caractéristiques de la forêt ainsi que les débouchés possibles. Le diagnostic sylvicole est réalisé avec les compétences du Centre national de la propriété forestières (CNPF) - région Midi-Pyrénées. Par ailleurs, les acteurs de la forêt bouriane s’investissent dans la durée pour redonner de la valeur ajoutée sociale, environnementale et économique à la forêt.

Lucile Vilboux/magazine Village-L’Acteur Rural pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info

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Tandra Barner

Update: 2024-08-29