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Chdigny, mille vertus des fleurs

C’est à partir de 1977, alors que la démographie n’a jamais été aussi faible (394 habitants) et l’école menacée, que des actions successives sont menées par l’équipe municipale de Chédigny pour créer un cercle vertueux et inverser la tendance. « Elle a commencé par la création d’une zone artisanale qui a rapidement attiré des artisans et petites entreprises, raconte le maire Pascal Dugué. Ce qui est particulier à Chédigny, c’est que les nouveaux habitants arrivés avec ces emplois, ont non seulement repeuplé le village et l’école, mais ils se sont aussi rapidement et durablement impliqués dans la vie du village. » Des associations culturelles et sportives voient le jour (une quinzaine existe à ce jour), des fêtes, des spectacles, des festivals dont certains renommés, sont mis sur pied. Vingt ans plus tard, la commune compte 529 habitants et ce n’est pas terminé.

1 000 rosiers et 3 000 vivaces

À la fin des années quatre-vingt-dix, des rencontres du maire de l’époque, Pierre Louault, avec des jardiniers passionnés, le convainquent de planter des rosiers sur une dizaine d’espaces communaux, à commencer par les trottoirs. Des travaux d’enfouissement des réseaux étant également prévus, l’équipe municipale en profite pour dévier durablement voitures et poids lourds du cœur du bourg. « Les liens ont toujours été étroits entre les équipes municipales, les habitants, les commerçants et les associations. Tout le monde a compris l’intérêt de ce choix », poursuit l’édile actuel. La rue est réaménagée avec un caniveau central, les trottoirs sont conservés et leurs allées piétonnes sont détruites pour accueillir encore plus de plants de rosiers, de vivaces et d’arbustes, avec l’accord des habitants. « La mairie prenait tout en charge : travaux, plants, bâche de protection des murs, terre puis plantations et entretien des rosiers. » Le cœur du village réaménagé est inauguré en 2003 et devient une « zone de rencontre » où les piétons sont prioritaires sur les voitures, qui roulent au pas. Chaque année, une trentaine de rosiers sont plantés et de nouvelles plates-bandes créées sur chaque rue desservant le bourg. Aucun désherbant n’est utilisé depuis 2010 et le fleurissement des rues suscite celui des jardins privés. L’équipe des agents communaux passe progressivement d’une à quatre personnes. Le village compte aujourd’hui plus de 1 000 rosiers et 3 000 vivaces et a reçu de nombreuses distinctions (voir encadré).

Le presbytère s’ouvre au public

Pour les habitants, le contournement du bourg et la présence des massifs fleuris apportent non seulement de la sécurité pour la circulation des piétons mais aussi un vrai sentiment de bien-être. Ils créent alors de nouvelles associations pour valoriser les plantations à travers notamment un festival annuel des roses, qui voit le jour en 2006. Pour accompagner ce dynamisme, la municipalité récupère le presbytère (XVe s) loué depuis les années soixante mais partiellement occupé. Des travaux y sont réalisés à hauteur de 400 000 euros HT (voir encadré) en utilisant des matériaux locaux (paille de colza, argile, laine de bois, chanvre), afin de créer un lieu ouvert au public. Des gérants, qui logent dans un appartement aménagé sous les combles, sont recrutés pour s’occuper (via un bail précaire de trois ans signé avec la mairie) d’un espace de petite restauration au rez-de-chaussée ainsi que de quatre chambres d’hôtes créées à l’étage. Les locaux ouvrent en 2017.

Un habitant jardinier suggère à la mairie de remettre en état le « jardin du curé » comme au XVIIe siècle. Relevés, terrassement, création d’allées et de bordures sont engagés pour environ 150.000 euros HT. Le jardin est aujourd’hui entretenu par la municipalité, mais géré et animé par une association. En 2018, une douzaine de bénévoles plantent 700 pieds de vigne sur un terrain attenant.

100 000 visiteurs chaque année

Le village métamorphosé attire désormais jusqu’à 100 000 visiteurs français et internationaux par an dont 10 000 à 20 000 participants au festival des roses. Une quarantaine d’emplois privés dans le tourisme sont créés. « C’est un coup de pouce indéniable pour le maintien et le développement de l’économie locale », se félicite Pascal Dugué. Des nouvelles familles s’installant, la commune agrandit en 2013 le centre de loisirs (400 000 euros, voir encadré) avec, de nouveau, des matériaux locaux (paille et bois). Elle aménage des espaces de jeu ainsi qu’un sentier pédagogique dans une prairie communale, labellisée Espace naturel sensible (ENS). Le lien avec les habitants reste une priorité pour l’équipe municipale qui invite les associations, et notamment celles qui touchent les jeunes familles (centre de loisirs, associations des parents d’élèves…), à tous les temps forts de la commune. Elle mise sur la construction de cinq habitations pour accueillir de nouvelles familles et s’est attelée à l’aménagement d’une boutique éphémère dans une ancienne grange, acquise par la commune en 2013 pour élargir l’offre commerciale. La dynamique n’est pas près de s’arrêter.

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Tandra Barner

Update: 2024-08-24