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En le-de-France, l'Ademe explore de nouveaux outils et partage sa vision


En Ile-de-France, une zone à faibles émissions (ZFE) excluant les véhicules les plus polluants doit voir le jour en 2020 dans le périmètre de l’A86. Son instauration par la métropole, son développement seront progressifs, au départ sans mesure coercitive. Pour aider au renouvellement des véhicules, un guichet unique des aides va être créé. Qui aidera les habitants à financer le reste à charge de quelques milliers d'euros ? "Une piste sérieuse est explorée : mobiliser la micro-finance et le micro-crédit", éclaire Michel Gioria, directeur régional de l'Ademe-Ile-France. 

Cet exemple montre l'étendue des champs d'intervention de cette direction régionale forte d'une petite quarantaine d'experts (pour un budget de 40 millions d’euros en 2019) aiguillant et participant pour le compte de l’Etat à la mise en oeuvre de politiques publiques dans divers domaines. "Même si on ne peut pas être bon partout ; côté énergies renouvelables, nous le sommes sur la chaleur renouvelable et la méthanisation, moins sur l'éolien et le photovoltaïque", tempère-t-il. En 2018 cet opérateur appuyant des projets extra-réglementaires en a soutenu une trentaine dans la production de chaleur renouvelable en mobilisant le fonds Chaleur (19 millions d’euros de subventions) et en complément du soutien de la région. Une quarantaine d'autres sont en cours d'examen suite au dernier appel à projets. "Nous serons ainsi dans les clous en atteignant sous peu l'objectif de 50% de part d'énergies renouvelables dans les réseaux de chaleur. Nous continuons aussi d'encourager les projets d'énergie citoyenne, un secteur prometteur qui favorise l'acceptabilité des projets, et étudions l'intérêt pour ces collectifs de mutualiser leurs coûts fixes". 

Contractualisation dans les énergies renouvelables

Une nouveauté : après la Nouvelle-Aquitaine et l'Auvergne-Rhône-Alpes, cette agence s'empare à son tour d'un outil, le contrat de développement territorial ou patrimonial des énergies renouvelables. Le but est d'aller chercher - et de contractualiser et financer "par grappe" si les objectifs fixés sont atteints - de plus petits projets de chaleur renouvelable, portés par exemple en grande couronne par un syndicat, un conseil départemental ou un établissement public territorial (EPT).

Autre défi, accompagner la mise en oeuvre de la tarification incitative (TI) dans une région où seules deux collectivités se sont pour l'heure lancées, la communauté d'agglomération de Versailles Grand Parc et Sud Essonne. Un troisième, le Siom de la Vallée de Chevreuse (Essonne) va franchir le pas. Cette relative faiblesse s'explique par la typologie de l'habitat francilien. La mise en œuvre de la TI par des collectivités n'est pas découplée d'un objectif préalable de collecte et valorisation des biodéchets qui occupent un volume important des poubelles franciliennes. "Sans quoi la TI serait mal perçue, si on tire la leçon de ce qui a été vécu pour la taxe carbone", ajoute Michel Gioria. Un appel à projets sur la collecte des biodéchets sera lancé cet été et sur les dix projets franciliens retenus suite au dernier concours d’innovation du Programme d'investissements d'avenir (PIA, 5,6 millions d’euros d’aides Ademe), deux proposent d'innover pour mieux collecter et composter ces biodéchets alimentaires (Urban'Compost et Les Alchimistes). 

Démarche "Bimby" pour les propriétaires de maisons

Au salon des maires d'Ile-de-France (Amif) à la mi-avril prochain sera également présenté un point d'avancement des démarches Cit’ergie engagées dans neuf collectivités franciliennes. "Quand Cit’ergie est enclenchée, la démarche d'élaboration des plans climat-air-énergie prend mieux", discerne Michel Gioria. L'Ademe IDF appuie par ailleurs des projets intéressants dans un domaine où beaucoup reste à faire, la prise en compte de la santé environnementale en lien avec l'urbanisme. Après un premier appel à manifestation d'intérêt, un second est prévu main dans la main avec l'agence régionale de santé (ARS), une structure qui a depuis peu - tout comme la chambre régionale de l'économie sociale et solidaire Île-de-France ou la Banque des Territoires - intégré la commision d'attribution des aides de l'agence. Un appui à la démarche "Bimby", acronyme anglais de "Build in my backyard" (construire dans mon jardin), en opposition au "Nimby" (surtout pas chez moi) est aussi apporté à des collectivités. Son principe ? Suggérer aux propriétaires de maisons de diviser leur parcelle pour y permettre l’ajout de nouvelles constructions. Ce qui revient à construire dans leur jardin. Lié à l'enjeu de redensification des centres, c'est une nouvelle façon de voir l'avenir des tissus déjà bâtis. Bien employée, la méthode peut inciter à la rénovation énergétique et solvabiliser des ménages pour qu'ils puissent isoler leur maison.

Un nouvel horizon s'ouvre avec la généralisation en vue du fonds Air Bois, cofinancé par l’Ademe et la région pour aider des particuliers à renouveler leur chauffage individuel. Cantonné depuis deux ans à l’Essonne, ce fonds devrait être élargi à l’échelle régionale cet été. Le portage juridique du fonds faisait obstacle, cela va être réglé, il sera porté par l'Agence de services et de paiement", annonce Michel Gioria. Enfin, l'opérateur partage sa vision : "Côté mobilité et infrastructures de recharge ou d'avitaillement, sans planification ni schéma de déploiement cohérent, avec une autorité organisatrice assurant le rôle de régulateur, difficile de sortir de l'attentisme ambiant. C'est pourtant ce qu'il faut pour faire basculer le système, sans quoi rien ne change". 

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Martina Birk

Update: 2024-08-28