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Le mcnat culturel subit un vritable effondrement

Mauvaise nouvelle pour l'Etat et les collectivités, qui aimeraient bien trouver des relais à leurs financements : le mécénat des entreprises en faveur du secteur culturel est en chute libre. C'est du moins ce que montre la traditionnelle enquête annuelle de l'Admical (Carrefour du mécénat d'entreprise), réalisée par l'Institut CSA.
Le communiqué publié à cette occasion par l'Admical indique en effet que les sommes consacrées par les entreprises au mécénat culturel sont tombées de 975 millions d'euros en 2008 à 380 millions en 2010. Certes, la crise économique mondiale est passée par là et nombre d'entreprises ont réduit les budgets affectés au mécénat, mais le secteur culturel est victime d'un phénomène très spécifique. Alors que le mécénat d'entreprise a reculé - toutes composantes confondues - de 20% entre 2008 et 2010, le mécénat culturel a chuté, pour sa part, de 61% sur la même période, soit trois fois plus vite que la moyenne. Autre signe de ce recul brutal, même si les prémices étaient déjà perceptibles il y a dix-huit mois (voir notre article ci-contre du 25 mars 2009) : la culture ne représente plus que 19% des dépenses totales de mécénat d'entreprise, contre 39% en 2008. Elle est désormais à égalité avec le sport et loin derrière le social, l'éducation et la santé, qui représentent 36% du total (soit 720 millions d'euros).
L'étude de l'Admical explique cet effondrement par la conjugaison de trois facteurs. D'une part, "le temps de la culture et celui de l'entreprise ne sont pas les mêmes" : la recherche de résultats rapides incite certains mécènes à favoriser des causes plus immédiates que le soutien à la culture, travail de longue haleine et difficilement mesurable à court terme. D'autre part, le mécénat culturel traditionnel est progressivement remplacé par du mécénat croisé, combinant la culture avec des actions sociales, éducatives ou sportives. Certaines de ces opérations sont ainsi classées dans d'autres domaines que la culture. Enfin, l'analyse de l'Admical n'élude pas la dimension du "politiquement correct" : "Le soutien à la culture est peut-être considéré par certains comme non essentiel, voire comme un outil de relations publiques, mal compris en période de crise où les priorités sont plutôt au social et à la relance de l'économie."
Quelles que soient les causes, le président de l'Admical n'hésite pas à évoquer une chute "plus qu'inquiétante" et à affirmer que "la création culturelle est en danger". Le coup est d'autant plus dur, pour le spectacle vivant comme pour le patrimoine, que les collectivités - et plus spécialement les départements - réduisent elles aussi leurs dépenses culturelles (voir notre article ci-contre du 17 septembre 2010).
Si l'on excepte le secteur de la culture - et, dans une mesure nettement moindre, ceux de la recherche et de l'environnement -, le mécénat d'entreprise ne se porte pourtant pas si mal, en dépit du recul par rapport à 2008. Il représente en effet un volume total de deux milliards d'euros en 2010. Le nombre d'entreprises mécènes ne cesse de croître : 27% de celles de plus de 20 salariés (soit environ 35.000 entreprises) ont une activité de mécénat, ce qui témoigne d'une hausse de 17% par rapport à 2008. L'essor est encore plus net pour les entreprises de plus de 200 salariés, parmi lesquelles le taux de mécénat est passé, en deux ans, de 26% à 43%. Ces évolutions se traduisent aujourd'hui par ce que l'Admical appelle "les deux visages du mécénat" : d'un côté, de plus en plus de PME (85% des entreprises mécènes), qui pratiquent un "mécénat ciblé, enraciné localement, soucieux de la réputation de l'entreprise sur son territoire" ; de l'autre,  les grandes entreprise (63% des budgets de mécénat) qui mettent en œuvre "un mécénat plus diversifié dans ses modalités, son périmètre et les causes soutenues, aussi important pour l'entreprise en interne qu'en externe".

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

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Billy Koelling

Update: 2024-08-21