Le numrique au service de la gouvernance
La crise sanitaire qui s’est déclenchée en mars 2020 a eu un impact puissant sur l’organisation des réunions au sein de la commune nouvelle de Baugé-en-Anjou (12 000 habitants). Dès le mois d’avril, les réunions sont réalisées systématiquement en visioconférences. « Pendant le pic de la crise c’était devenu notre seul mode de réunion, spécifie le maire, Philippe Chalopin. Aujourd’hui, nous continuons à nous réunir virtuellement mais avec une part de présentiel. »
Si les réunions à distance présentent de nombreux atouts, elles soulèvent aussi quelques difficultés. Le cas des conseils municipaux est emblématique. « Avec 53 élus, même bien équipés, il est difficile d’assurer la bonne participation de chacun aux délibérations du conseil, signale le maire. Tant que nous pourrons les tenir avec un quorum allégé c’est possible, mais il faut aussi percevoir les limites de ces réunions à distance, principalement pour aborder des sujets délicats qui se traitent mieux en face-à-face. Et puis il y a la problématique du vote secret et sécurisé à distance, pour l’instant sans solution. Seuls les scrutins à main levée sont possibles via la page de commentaires du dispositif de visioconférence et en vérifiant à l’aide des caméras simultanément allumées que tous les élus sont bien présents. Mais si l’on devait procéder à ce contrôle en rétablissant le quorum de droit commun, cela poserait davantage de difficultés, même avec le grand écran installé dans la salle du conseil municipal. »
Des réunions panachées
Des réunions de municipalité se tiennent chaque semaine de façon panachée, avec des élus en présentiel et d’autres en distanciel, notamment pour ceux qui sont le plus éloignés du lieu de réunion (la commune nouvelle a rassemblé 15 communes). Idem pour les réunions des commissions qui ont lieu entre une et quatre fois par trimestre. Par ailleurs, des conseils d’administration comme celui du Groupement d’intérêt public (GIP) Anjou Tourisme recourent également à la visioconférence avec vote à main levée.
En dépit de certaines difficultés, les avantages des réunions à distance sont majeurs, selon Philippe Chalopin. Elles annulent ou réduisent les temps de trajet ainsi que les retards et permettent plus facilement d’enchaîner les réunions durant la journée. « Moins de déplacements, c’est aussi moins de pollution et donc une réponse à nos objectifs de développement durable. Le recours aux nouvelles technologies a, de plus, favorisé la montée en compétences des élus sur le numérique », constate le maire. Les tracas initiaux, notamment sur la prise de parole à distance ont quasiment disparu. Par exemple, lors des conseils municipaux, la projection sur le grand écran de l’élu qui demande à intervenir facilite les échanges. Parallèlement, on peut ajouter dans la colonne avantages le fait que les visioconférences incitent les élus à mieux préparer les interventions et à être plus précis.
Transparence et pédagogie
Autre innovation mise en œuvre à Baugé-en-Anjou, les conseils municipaux sont filmés et diffusés en direct ou accessibles en replay. « Il en résulte principalement deux conséquences, nous dit Philippe Chalopin. D’une part, les élus encore peu habitués à parler devant une caméra peuvent ressentir une gêne qui leur demande un temps d’adaptation. Néanmoins à l’usage, j’ai constaté avec satisfaction que les élus s’étaient adaptés et que de très gros efforts ont été réalisés. Les présentations sont maintenant beaucoup plus pédagogiques. D’autre part, cela pousse les élus à sortir des discours convenus entre élus pour s’adresser à leurs administrés en étant davantage dans le registre de l’explication et de la pédagogie. Cela recrée de la proximité et de la transparence, utiles à une bonne gouvernance. On constate aussi que le nombre de « vues » est beaucoup important que le nombre de personnes qui assistaient à nos réunions de conseil. On gagne en transparence et on touche un plus grand nombre de personnes. »
Outre la retransmission des conseils municipaux, le maire et son équipe ont repensé la communication avec les habitants. « Pendant les temps forts de la crise sanitaire j’intervenais tous les vendredis au moyen d’une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Je répondais aux principales questions que nos administrés posaient aux services de la ville durant la semaine ou qu’ils déposaient sur les réseaux sociaux. Cela m’a aussi permis de faire passer des messages concernant l’attitude de certains usagers qui se montraient parfois un peu agressifs. » Ces vidéos ont inspiré un nouveau format d’échange du maire avec les citoyens. Toutes les deux à trois semaines, il répond sans filtre aux questions qui lui sont posées en direct, en plus de celles déposées sur les réseaux sociaux. « C’est épuisant mais passionnant, car on est dans un exercice de démocratie directe, relève le maire. Quand les sujets sont trop techniques ou personnels, je les renvoie aux services avec un engagement à répondre dans le délai d’une semaine. »
Réunions de rue
Ce type d’échange permet au maire de prendre connaissance très vite de problèmes qui surgissent dans la commune. Par exemple, après l’installation d’un feu tricolore, il apprend que les automobilistes le contournent en traversant à grande vitesse un lotissement non sécurisé. Une réunion de rue est aussitôt organisée avec les habitants pour réaménager la voirie. « Ces échanges sont devenus un outil de gestion communale », constate le maire. Des réunions de rue avec table et chaises, qui aident selon lui à « déminer les problèmes », à constater sur place leur ampleur, à fournir des explications concrètes aux habitants.
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