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Musique et sant ne font pas toujours bon mnage


Le milieu des musiques amplifiées s'inquiète d'un projet porté par le ministère de la Santé et qui ramènerait de 105 à 100 décibels (dB) le niveau sonore moyen maximal autorisé lors des concerts de musiques amplifiées. La réduction peut paraître minime, mais il faut savoir que la puissance sonore double tous les trois dB. Une telle mesure serait donc très loin d'être anodine. Elle s'inscrit en tout cas dans le prolongement direct des recommandations du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), en date de septembre 2013, sur "les niveaux acceptables d'expositions aux niveaux sonores élevés de la musique".

Vers un affichage en continu du niveau sonore ?

Pour le HCSP, il s'agit en l'occurrence "d'actualiser la réglementation et de garantir la protection des personnes exposées à de la musique amplifiée dans les lieux de loisir (boîtes de nuit, discothèques, salles de spectacle, etc.)". Le rapport propose notamment de retenir "des niveaux sonores moyens de 100 dBA mesurés sur 15 minutes et des niveaux crêtes de 120 dBC à ne pas dépasser".
Mais, outre l'abaissement du seuil sonore, le rapport du HCSP propose également d'autres mesures, qui devrait être reprises par le texte du ministère : l'affichage en continu dans les salles des niveaux sonores mesurés en dBA sur 15 minutes (associé à l'affichage d'une information sur les niveaux sonores et durées d'écoute sans risque), la fourniture gratuite de protection auditive et l'offre d'une zone de récupération auditive avec un niveau sonore inférieur à 85 dBA, un avertissement pour les femmes enceintes sur les risques de transmission des basses et moyennes fréquences à l'enfant à naître (plus particulièrement fragile au cours des trois derniers mois de grossesse)...

Des "conséquences dramatiques" pour les petites salles

Le projet est dicté par le souci de protéger la santé des professionnels (musiciens et techniciens) et celle du public. Les musiques amplifiées commencent d'ailleurs à prendre conscience du problème, comme le montre la création de l'association Agi-Son - Agir pour une bonne gestion sonore - qui "mobilise le secteur du spectacle vivant pour répondre aux problématiques liées aux risques auditifs et plus globalement à la gestion sonore dans les musiques amplifiées dans un premier temps et, plus généralement, du spectacle vivant aujourd'hui".
Mais les craintes viennent d'ailleurs. Selon le Centre d'information et de ressources pour les musiques actuelles (Irma), "cela risque d'obliger les salles à relancer des campagnes de travaux". Les mesures envisagées pourraient aussi avoir "des conséquences dramatiques" pour les petits lieux et les cafés-concerts. De même, elles pourraient poser de sérieux problèmes avec les artistes et leurs équipes techniques venant de pays où il n'existe pas de limitation sonore.

Législatif ou réglementaire ?

Lors du MaMA - le marché des musiques actuelles, rendez-vous incontournable du secteur -, du 15 au 17 octobre, les professionnels ont d'ailleurs organisé une table ronde sur le sujet, en présence de plusieurs directeurs de festivals (Eurockéennes de Belfort, Hellfest...) et d'un ingénieur sanitaire de l'agence régionale de santé (ARS) de Rhône-Alpes.
Reste une question : la nature et le degré d'avancement du texte envisagé par le ministère de la Santé. Irma évoque un projet de loi, mais la mesure ne figure pas dans le projet de loi relatif à la santé, présenté par Marisol Touraine lors du conseil des ministres du 15 octobre (voir notre article ci-contre du même jour) et qui aurait pourtant constitué le véhicule législatif idéal.
S'il s'agit bien d'une mesure à caractère législatif, elle pourrait toujours être ajoutée par amendement lors de l'examen du projet de loi par le Parlement. A défaut, il pourrait s'agir d'une mesure réglementaire modifiant ou remplaçant le décret du 15 décembre 1998 "relatif aux prescriptions applicables aux établissements ou locaux recevant du public et diffusant à titre habituel de la musique amplifiée, à l'exclusion des salles dont l'activité est réservée à l'enseignement de la musique et de la danse".

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Billy Koelling

Update: 2024-08-26