Un tiers des espces protges menac en France
Dans le cadre de la directive européenne sur les habitats naturels de 1992, qui a pour objet de contribuer à la préservation de la biodiversité, le Muséum d'histoire naturelle vient de réaliser une première évaluation de l'état de conservation des espèces et de leurs habitats, exception faite des oiseaux qui font l'objet d'une directive séparée. Faute de pouvoir tester toutes les espèces, le service du patrimoine du Muséum en a sélectionné 291 (dont 200 animales) et 132 types d'habitat (forestiers, aquatiques et humides, marins et côtiers, prairies, rochers et grottes). "Un échantillon représentatif de la richesse en biodiversité de la France", explique le directeur du Muséum, Jacques Trouvilliez. Au total, quelque mille fiches ont été établies par croisements des régions géographiques, des espèces et de l'habitat.
Le constat dressé est "globalement mauvais". 33% des espèces évaluées sont dans le rouge, c'est-à-dire menacées dans leur survie, selon le code couleur arrêté par Bruxelles, qui centralise les études menées simultanément dans les 27 pays de l'Union européenne. Parmi les espèces les plus connues, on trouve le grand hamster d'Europe, présent en Alsace, dont la population et l'aire de répartition régressent, ou le vison d'Europe. Le directeur du Muséum cite encore l'écrevisse à pattes blanches, victime de la dégradation des cours d'eau, ou de petits papillons inféodés à certaines fleurs des prairies humides. "Les résultats collent bien avec la liste rouge mondiale de l'Union pour la conservation de la nature. Ce sont toutes les espèces ou habitats liés aux zones humides qui régressent et perdent toute connectivité entre eux", souligne Jacques Trouvilliez. Il nuance toutefois les résultats en expliquant que l'étude cible des espèces rares ou menacées et qu'il suffit qu'un des quatre critères (aire de répartition, effectifs, surface d'habitat et perspectives de maintien) soit mauvais pour que l'état global de conservation soit jugé mauvais. Pour un quart des espèces évaluées, les scientifiques n'ont pas pu conclure faute de travaux suivis ou de recul. C'est le cas pour un quart des trente-trois espèces de chauves-souris retenues ou pour les deux tiers des seize mammifères marins (phoques, orques ou baleines) dont on n'est pas en mesure d'estimer si la population augmente ou régresse. Sans attendre l'analyse de Bruxelles, le ministère de l'Ecologie promet de s'appuyer sur ces résultats pour définir des "priorités d'action" et éviter que les espèces les plus exposées continuent de régresser.
De son côté, la Commission européenne veut aussi s'attaquer aux "espèces allogènes envahissantes" qui menacent la flore et la faune locales et peuvent occasionner de graves dommages à la nature et à l'économie, comme l'algue caulerpa toxifolia en Méditerranée. Elle a lancé le 3 mars une consultation en ligne, ouverte jusqu'au 5 mai, pour collecter des propositions sur les moyens de lutter contre ce fléau qui frappe déjà de nombreuses régions de l'Union. Toutes les parties intéressées peuvent y participer, particuliers compris. Les résultats seront utilisés pour l'élaboration d'une politique communautaire sur le sujet dont l'adoption est prévue pour la fin 2008.
Anne Lenormand avec AFP
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstForKdlpJ6ys7%2BMnZysZZWovaavxKxkqaqfqbKoscSsZKadnpawpnnEp2SfqpGjsKY%3D