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Une passerelle pitonne comme atout touristique (31)

Construire un ouvrage permettant de relier les deux communes à vélo ou à pied, quand jusqu’alors seul un pont routier existait… Les communes de Montréjeau et de Gourdan-Polignan en rêvaient depuis des années. Mais longtemps, cette passerelle a eu des airs de « serpent de mer » - trop chère pour deux petites villes comme les nôtres, confient d’une même voix Éric Miquel, maire de Montréjeau, et Patrick Saulneron, maire de Gourdan-Polignan.

Jusqu’au « coup de chance », né de discussions avec le Réseau de transport d’électricité (RTE), autour de l’enfouissement de la ligne à haute tension reliant les transformateurs de Gourdan-Polignan et de Lanmezan. Il s’agit alors de trouver le meilleur moyen de franchir la Garonne. RTE songe franchissement aérien, encorbellement d’un pont SNCF, ou enfouissement sous le lit du fleuve… jusqu’à ce que les deux édiles, conviés aux réunions, évoquent leur « projet de passerelle piétonne, et la possibilité de l’utiliser pour soutenir le passage de câbles électriques ». Intéressé, RTE lance des études de faisabilité. Et la solution proposée par les deux maires se révèle être la plus pertinente, techniquement et financièrement parlant. 

« Cette passerelle, c’est du gagnant-gagnant, pour RTE comme pour nous. Partant de là, le montage financier du projet s’est fait facilement » expliquent Patrick Saulneron et Éric Miquel. Le coût de construction de l‘ouvrage, avoisinant en fin de compte les 730 000 euros hors taxes, a été financé à 50 % par RTE, à 25 % par l’État, et, à parts égales, par le département, les deux communes et les deux communautés de communes dont elles sont membres - Cœur Coteaux Comminges et Pyrénées Haut-Garonnaises.

Des trajets sécurisés

Après signature de l’accord de construction en mai 2018, le chantier débute à l’automne, et la passerelle est posée le 17 avril 2019. Après quelques travaux supplémentaires – un ascenseur pour les personnes handicapées, une goulotte pour monter et descendre à vélo, un éclairage de nuit – elle est inaugurée en octobre de la même année.

Réalisée en aluminium et dotée d’un plancher de charpente en bois exotique imputrescible, la passerelle est longue de 70 mètres et large de 2,20 mètres. Un gainage sous le tablier de l’ouvrage permet de supporter deux câbles à très haute tension – « non apparents, ces câbles sont donc neutres visuellement parlant, permettant de ne pas défigurer le paysage. C’est très appréciable pour la qualité de vie », souligne Éric Miquel.

Pour les deux communes, l’ouvrage a le mérite de créer un lien fort entre les deux rives – ce qui n’est pas rien, expliquent leurs maires, car si les deux villes sont membres de communautés de communes distinctes, « elles font historiquement partie d’un même territoire ».

La passerelle « répond aussi à une problématique sécuritaire forte, car jusqu’alors, lycéens et apprentis du CFA empruntaient, bien que ce soit interdit, le pont de la voie ferrée, pour se rendre en cours comme pour aller se promener sur la base nautique de Montréjeau. Une routine dangereuse, que nous souhaitions casser », souligne Patrick Saulneron.

Synonyme de mobilité douce, la passerelle est très empruntée par les lycéens et apprentis, par les habitants des deux communes… mais aussi par les touristes, en saison, qu’il s’agisse de cyclistes parcourant la TransGarona, qui relie Toulouse au Val d’Aran espagnol et passe juste devant la passerelle, côté Gourdan-Polignan, ou de familles, clientèle principale de la base de loisirs nautique et du golf situés au pied de la passerelle, côté Montréjeau.

Une « boîte à outils » pour le développement local

« Cette passerelle, c’est un vrai plus, pour l’aménagement du territoire et pour le tourisme vert », souligne Éric Miquel, rappelant que sa ville a le label Station verte, et que la qualité des eaux du lac, où la baignade est gratuite et surveillée l’été, a été récompensée par un pavillon bleu. « Désormais, depuis la gare de Montréjeau-Gourdan-Polignan, située à quelques mètres de la passerelle côté Gourdan-Polignan, il y a à peine 200 mètres à faire à pied ou à vélo pour être sur la base nautique », insiste-t-il.

« La gare de Montréjeau-Gourdan-Polignan étant située sur la ligne Toulouse-Bayonne, nous sommes d’ailleurs en train de travailler avec la SNCF sur des départs depuis Toulouse avec des tickets qui incluraient le trajet et l’accès prépayé à certaines activités de la base nautique, sur le modèle du ski-rail pour les stations de ski. Et nous travaillons aussi, avec la SNCF et la Région, sur les possibilités que pourrait offrir la future ligne de train à hydrogène Luchon-Montréjeau Gourdan-Polignan qui doit ouvrir en 2023 », explique Éric Miquel.

« Cette passerelle et le travail que nous avons engagé autour d’elle, sont aussi potentiellement porteurs d’emplois », ajoute-t-il, signalant à ce propos qu’un hôtel doit ouvrir au printemps à Montréjeau, quand jusqu’alors la ville n’avait que des campings. Un hôtel « situé dans un ancien bâtiment municipal, transformé pour un tiers en maison de santé… et pour deux tiers en hôtel-restaurant, que nous allons mettre en délégation de service public. »

Patrick Saulneron opine. Oui, la passerelle est un plus très net – « une boîte à outils pour le développement économique ». Et d’expliquer que, côté Gourdan-Polignan, existe une friche industrielle de 50 hectares, dont la reconversion est en train d’être repensée, à l’aune des possibilités offertes par la construction de la passerelle. « Jusqu’alors, on me proposait d’y installer des panneaux photovoltaïques, en soit c’est un super projet, mais peu porteur pour l’emploi. Là, nous venons de lancer une étude de faisabilité centrée sur les aménagements touristiques qu’il pourrait être pertinent de mettre en place, en complément de ce qui existe côté Montréjeau. » À suivre.

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Kelle Repass

Update: 2024-08-18